Frères humains qui après nous vivez
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plutôt de vous mercis
François Villon, 1489
Sens-tu cette pluie
sur toutes nos plaies ?
Entends-tu cet orage
dans nos cœurs en rage ?
Vois-tu cette vague
de nos rêves qui divaguent ?
Frères humains, est-ce une blague ?
On nous matraque
de propos obliques
d’une bouffonnade
hypertrophique.
Nous sommes des milliers en rade,
y’en a t-il un ou une
qui souhaite une guerre,
qui aurait une terre
promise
ailleurs que la Terre
soumise
aux antigènes ubiquitaires ?
dans leur éthique embryonnaire
il n’y a pas une corde qui tique
lorsqu’on tue
des pays entiers
Frères humains, nous sommes des milliers
avides
du rêve d’Ovide
d’une métamorphose
de ce monde en nécrose,
j’vais vous dire
mon délire
dans la mire
des avares
mon cœur
en pétard
se déchire
j’en ai marre
j’me ballade des pendus
qu’on laisse pourrir dans les rues
dormir sur la dure
lorsque
les endurcis
dorment dans leurs lits
les pendus font les poubelles
les endurcis s’empiffrent de croissance
de la plus belle
Ô !
j’espère
que ma nuisance
sonore
fera sauter
leurs plombs de cœurs !
cette odeur
de misère
de putréfaction
que nous fuyons
dans les wagons
elle est aussi la nôtre
quand l’humain
pourrit dans l’âme
une odeur infâme
envahit le tombeau
de la St. Lazare
sur des centaines des yeux pas un seul regard