« Ta mère », « ta gueule », ta bouche, ta rage,
Tes nattes, ton âge, tu me décourages
Tu sèches, tu craches, tu cherches,
Tu ne prends aucune perche
Ni ton petit déj et tu es patraque
Tu piges que dalle et me montres des fucks
Tu déposes tes frangins à l’école primaire,
Tu as onze ans, et tu m’exaspères
Tu n’as jamais vu la Tour Eiffel
Tu vis à 25 kilomètres d’elle,
Et pourtant les cartes tu les adores,
Ne sors jamais à l’extérieur
De ton quartier,
Tu me fais pitié,
Venue de loin ou venue du coin,
Tu n’espères point
Voyager
Tu colles tes fiches mais tu t’en fiches
On a jugé
D’avance
Que tu n’auras aucune chance.
Tu as la tête d’un chérubin mal tourné
C’est sur la play que tournent tes journées,
Tu traines dans la rue et fais les courses le dimanche
Ton cadis est lourd, il ne faut pas que tu flanches
Tes bagages sont lourds eux aussi
Tu grandis dans un monde sans merci
Tu ne me laisses aucune chance de t’aider
Tu as onze ans mais ton cœur est ridé.
Ton âge, ton visage, tes yeux malicieux, ta bouche, tu es cash
Tu caches ton secret, tu te caches,
Ta vie est trash,
Tu n’as jamais appris de mots de douceur
Tu fais de la musique avec un interrupteur.
Et tu vas prendre des volts,
Tu frôles la révolte.
Et tes vacances dans cette chaleur,
C’est d’une noirceur…
Dans la suie, dans la sueur.
Tu baisses le ton,
Enlève ton veston,
Où sont tes crayons ?
Range ton téléphone,
Et toutes les babioles,
Tu es à l’école,
Il y a des vols,
Il y a des viols,
Tes fiches tu les colles,
Demande pardon d’avoir dit « ta gueule »
Un jour tu prendras ton envol.